samedi 23 mars 2013

L'utopie des missions

Après deux jours dans les chutes d'Iguazu, un plongeon dans un page de l'histoire argentine.
Un petit car, très moyennement confortable, nous emmène à 250km d'Iguazu aux ruines de San Igniacio.
L'entrée de l'église
Lorsque les jésuites sont arrivés en amérique latine au XVIè siècle, ils ont décidé - comme partout dans le monde les homme d'église - d'"évangéliser" les indiens guaranis. Après quelques péripéties et luttes entre cours royales espagnole et portuguaise, colons et indiens assujettis au servage par ces mêmes colons, les jésuites obtiennent l'autorisation de créer une sorte d'état autonome aux confluents des fleuves Parana et Paraguay.
C'est au début du XVIIè siècle qu'ils mettent sur pied un système très innovant - voire utopique - qui perdurera plus de 100 ans, la reduccione. Plus d'une trentaine seront créées, réparties dans ce qui deviendra par la suite l'Argentine, le Brésil et le Paraguay.
Maison pour une famille guarani
L'une des mieux conservée se trouve donc à San Ignacio. 
Une reduccione est un regroupement de familles guaranis (jusqu'à 2000 guaranis) avec des prêtres (en général 2 ou 3). Toujours faites sur le même modèle, on y trouve des maisons familiales pour les guaranis, une grande place centrale, une église richement décorée, des habitations pour les prêtres et pour recevoir des dignitaires, une école, des ateliers et même une prison et une maison pour les veuves....
D'abord, toujours se rappeler que l'on est dans un lieu avec un objectif religieux. L'église (photo ci-dessus) se voyait dès l'arrivée, au fond de l'allée centrale, sur une très grande place
Espace couvert le long des maisons

Les maisons des guaranis, étaient de petite taille, juste pour dormir. La rue qui les bordait était bordée de portiques et couverte (voir les piliers sur la photo ci-jointe). C'est là que les femmes faisaient la cuisine, tissaient, s'occupaient des enfants. La rue elle-même n'avait pas d'arbre, pour permettre une meilleure surveillance....
Détail du portail d'entrée
Les jésuites (deux ou trois pour 2 000 guaranis) s'appuyaient sur la structure sociale des indiens, à savoir le respect du cacique local. Ils ont appris à parler le Guarani, ont cherché à comprendre leurs mode de fonctionnement... mais ont réussi à imposer l'évangélisation, l'alphabétisation, la vie en collectivité, ce qui voulait dire messe le matin et le soir, deux jours de travail pour la collectivité (et le reste pour leur famille), des soins, de l'éducation pour les enfants (les garçons en fait...).
Eglise de 74 m de long, 24 m de large et 15 m de haut...
Et un jour, tout s'est arrêté, En Espagne, comme au Portugal, le pouvoir royal voit cet "état dans l'état" d'un très mauvais oeil et ordonne l'évacuation des reduccione. Les jésuites sont tombés en disgrâce en Europe et chassés du Portugal, de l'Espagne et de l'empire espagnol. Sur place, les guaranis font de la résistance et tout se termine dans un bain de sang. Population de plusieurs centaines de milliers au XVIè siècle, il n'en subsiste que 20 000 maintenant, répartis sur les trois pays (Argentine, Paraguay et Brésil). Ils vivent maintenant, soit dans la misère totale, soit, comme en Argentine, dans la forêt, où - nous a t'on dit - ils refusent tout lien avec le reste de la population argentine et même refusent de parler espagnol.

Le site a été détruit partiellement au début du XIXè siècle. Sur la trentaine de missions existantes (mais souvent très en ruine), 5 ou 6 sont classées au Patrimoine de l'Humanité.


Trop fort, trop fort...
Sur la photo de gauche, on aperçoit à droite et à gauche de l'arbre des piliers, qui devaient servir de soutien à une toiture. Mais, on voit aussi cet arbre que j'ai photographié en plus grand. Et bien, il y a aussi une colonne que l'arbre a littéralement absorbé...
Quand on regarde dans la "fente", on aperçoit nettement le pilier à l'intérieur...



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